Pourquoi il est utile de s’intéresser aux théories des marchés financiers : finance classique et finance comportementale ?

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Les marchés financiers sont complexes et lorsque j’ai commencé à m’y intéresser, ils m’apparaissaient incompréhensibles. Malgré cela, je n’ai accordé aucune importance au champ, qui permettait d’avoir une perception de ces derniers, le plus proche possible de la réalité : les travaux de la finance des marchés.

La finance des marchés a pour rôle d’étudier le fonctionnement des marchés financiers, de chercher à mieux les comprendre et tenter de théoriser l’évolution des cours boursiers. Elles apportent des éléments qui permettent de mieux comprendre comment se détermine la valeur d’un titre boursier.

Quel paradoxe, je souhaitais mieux comprendre comment évoluait les cours boursiers pour réaliser des investissements performants, mais, je jugeais inutile de m’intéresser aux travaux de la finance des marchés.

Pourtant ces derniers ont des répercussions décisives dans de nombreux domaines.

A présent, j’ai décidé de m’intéresser de manière plus sérieuse à ces théories.

Il est possible de dégager deux grands courants théoriques.

Le premier courant, basé sur le concept d’efficience des marchés et l’hypothèse de rationalité, désigne la finance classique.

Le deuxième , appelé la finance comportementale, est plus récent et va remettre en causse les apports de la finance classique.

 

La finance classique : qu’est-ce que c’est ?

Né dans les années 1960, la théorie financière « classique » ou « quantitative » a permis une compréhension plus profonde des marchés boursiers, de l’évolution des prix et de l’évaluation des actifs financiers. Les modèles élaborés se sont alors imposés à tout le domaine et ont dominé les cinquante dernières années.

Selon l’approche classique, la décision d’investissement est purement rationnelle, ce qui engendrerait l’efficience des marchés.

 

Le concept d’efficience des marchés le noyau central de la finance classique

Le concept d’efficience des marchés financiers a été développé à la suite des travaux de Eugène FAMA et de MARKOVITZ. Eugène Fama (1965) définit un marché efficient de la manière suivante  :

« Sur un marché efficient, la concurrence que se livre un grand nombre d’opérateurs avisés, crée une situation dans laquelle, à chaque instant, les prix des différentes valeurs reflètent les effets de l’information basée d’une part, sur des évènements qui se sont déjà produits et, d’autre part, sur des évènements que le marché s’attend à voir dans le futur. En d’autres termes le prix pratiqué est, à tout moment, une bonne estimation de la valeur intrinsèque du titre ».

Dans ce marché les agents sont rationnels. Ils disposent de toutes les informations et sont en mesure d’utiliser ces dernières de manière optimale, c’est-à-dire qu’ils sont capables de traiter toutes les informations, d’étudier toutes les possibilités et de prendre les décisions optimales pour maximiser leurs intérêts propres.

Leurs décisions sont décorrélées. Il y a indépendance entre les différents agents économiques qui achètent ou qui vendent. Chaque investisseur à son opinion personnelle et n’imite pas les autres quand il prend une décision. Il est rationnel.

Les décisions prises individuellement et de manière rationnelle, mènent à un équilibre des prix ( prix efficients et stables en l’absence de nouvelles informations). La valeur d’un titre est donc le reflet exact de toute l’information disponible. On parle de valeur fondamentale. Elle changera immédiatement et correctement chaque fois qu’arrivera une nouvelle information. Si certains investisseurs commettent des erreurs. Ces dernières vont se compenser conduisant à l’équilibre des marchés.

Les cours boursiers évoluent en fonction de l’information, qui elle-même, varie de façon aléatoire, ce qui entraîne l’imprévisibilité des cours.

Conséquence de cette hypothèse, les cours de bourse vont suivre une marche aléatoire. Ce raisonnement est connu sous le nom de « marche au hasard » (random walk), concept issu de la thèse du mathématicien français Louis Bachelier puis développé par Fama en 1965.On ne peut absolument pas prédire ce qui peut se produire, puisqu’à chaque instant tout le monde sait tout. L’action suivante est a priori inconnue. La seule variable pertinente est alors l’information disponible et non les opinions personnelles des agents.

 

Quelles sont les applications de cette théorie pour l’investisseur ?

Dans la finance classique, le problème de l’investisseur est de chercher les valeurs maximisant son utilité, c’est-à-dire celles qui possèdent la plus grande rentabilité pour un niveau de risque minimum. Dans cette perspective, des modèles vont être élaborés qui vont définir ce qu’il faut acheter et ce qu’il ne faut pas acheter, en s’appuyant sur la notion de diversification, la prise en compte du niveau de risque et du rendement. Les investisseurs étant rationnels et averses au risque, n’achèteront pas les actifs plus risqués offrant un rendement inférieur.

Parmi les modèles définis par les théoriciens de la finance classique, il est possible de citer :

  • la théorie moderne du portefeuille de Markowitz (1952) en application de laquelle un portefeuille diversifié garantit une performance optimale.
  • Dans le prolongement des travaux de Markowitz, Sharpe (1964), Lintner (1965), Mossin (1966) et Black (1972) développèrent le Modèle d’Evaluation des Actifs Financiers (MEDAF) ou CAPM (Capital Asset Pricing Model) qui permet de décrire la relation liant la rentabilité des actifs financiers et leur risque.

Dans les années 1970, la finance classique a fait l’objet de nombreuses critiques émanant des défenseurs de la finance comportementale, qui ont révélé un certain nombre d’anomalies visant à contredire la théorie de l’efficience des marchés financiers. Les résultats des études empiriques ont montré que des phénomènes observés pouvaient difficilement être appréhendés par le concept de l’efficience et de la rationalité.

Les études empiriques ont fait apparaître des anomalies calendaires, météorologiques, des différences significatives entre les rendements observés et les rendements théoriques calculés sur la base des modèles d’évaluation de la finance classique. Les études ont mis en évidence également des écarts de cours boursiers importants par rapport à leur valeur fondamentale.

 

Qu’est ce que la finance comportementale ?

 

Devant la multiplication de ces anomalies, que les apports de la finance classique ne parvenaient pas à appréhender, la finance comportementale s’est progressivement construite.

En utilisant les apports théoriques de la psychologie de la décision et de la noise trader approach, la finance comportementale est devenue de plus en plus populaire.

 

La noise trader approach :

Cette théorie considère que certains investisseurs ignorants : “les noise traders”, construisent leur décision de manière non rationnelle sur la base de bruit, c’est à à dire en utilisant de faux signaux, soit des règles irrationnelles. Devant les mouvements corrélés de ces investisseurs irrationnels, la présence des investisseurs avisés ne suffit pas à garantir le retour du prix à sa valeur fondamentale.

Les conséquences de ce constat est qu’il convient de prendre en compte l’opinion des ignorants. Ce modèle permet d’expliquer dans une certaine mesure les écarts observés sur les cours des actions par rapport à leur valeur fondamentale.

L’irrationalité des investisseurs :

La finance comportementale tente également d’expliquer les anomalies observées sur les marchés en se basant sur les comportements humains.

Dans cette perspective les travaux de Daniel Kahneman et Amos Tversky et leur « théorie des perspectives » ont été le point de départ à de nombreux travaux dans ce champ. Par ailleurs, en obtenant le prix nobel d’économie, ils ont contribué à donner une forte légitimité à la finance comportementale.

A partir d’une approche centrée sur la psychologie des comportements, s’est donc développé un modèle qui a remis en cause le postulat classique de la décision purement rationnelle de l’individu et mettant en évidence les travers comportementaux des investisseurs.

 

La finance comportementale met en évidence les travers comportementaux.

Les travaux ont mis en évidence que les travers comportementaux influent sur le fameux couple risque rentabilité.

• Soit par l’influence sur la perception du risque ou l’acceptation de la prise de risque,

• soit par l’impact sur le niveau d’exigence de rentabilité ou l’espérance de rentabilité,

• soit encore sur la relation entre ces deux facteurs (risque / rentabilité) en introduisant une distorsion dans les choix.

 

Un ensemble de travaux a permis d’identifier les erreurs commises par les investisseurs et établir une typologie des biais comportementaux.

  • Les biais cognitifs

On y regroupe les erreurs systématiques dans le schéma de pensée qui mènent à des erreurs dans les prises de décisions ou dans les comportements à adopter. Parmi les principale erreurs, il est possible de citer : l’ancrage mental qui consiste à se fier à la première impression, le cadrage qui repose sur le fait de ne voir qu’un aspect du problème, ou encore les habitudes dites heuristiques qui consistent à prendre des raccourcis de raisonnement.

  • Les biais émotionnels

Cette catégorie recense l’ensemble des émotions qui introduisent un biais dans le processus de décision, tel que les craintes d’un investisseur qui vient d’enchaîner une série de plusieurs échecs et qui aura tendance à craindre de plus en plus les valeurs risquées (et inversement pour un excès de confiance après une série de bonnes transactions où l’investisseur aura tendance à sous-estimer les risques).

  • Les biais sociaux

Ces biais sont ceux induits par les interactions avec les autres.

  • Les biais de décisions

Ce sont les biais spécifiquement liés à la prise de décision.

 

En quoi la finance comportementale peut m’être utile pour mieux réussir dans mes investissements et mon trading ?

Ces biais interviennent dans toutes les étapes de l’investissement en bourse : de la perception de la bourse en elle-même (et donc le montant alloué à ces investissements), en passant par la constitution du portefeuille, jusqu’à sa gestion, … De nombreux choix opérés sur les marchés sont empreints de comportements et la méconnaissance des biais peut vite conduire à des erreurs grossières

 

Conclusion

La finance classique, notamment avec la notion de valeur fondamentale constitue une notion à prendre en compte lors de la prise de décision dans les investissements. Toutefois, elle doit être complétée par l’approche de la finance comportementale.

En mettant en évidence les conduites irrationnelles des investisseurs, cette dernière peut aider à mieux comprendre les mécanismes de prises de décision et contribuer à éviter les pièges dans les choix d’investissement.

Par l’identification de biais comportementaux, la finance comportementale contribue également à mettre en évidence nos propres biais de façon à pouvoir mettre en place des stratégies pour permettre de les éviter et agir avec une plus grande réussite.

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