« Tout le monde commence par faire des erreurs, et un peintre qui ne comprendrait pas les erreurs qu’il fait ne pourrait jamais les corriger ». Léonard de Vinci
Résolument décidé à acquérir une expertise en matière d’investissement boursier. Dans cette perspective j’ai cherché à définir une stratégie d’apprentissage en partant des erreurs que j’avais commises. Je me suis donc interroger sur quelles étaient les erreurs que je devais écarter pour obtenir de meilleurs résultats.
Parmi les erreurs les plus fréquentes, il est possible de citer, le manque de formation, l’impulsivité, l’absence de plan de trading préalable, le danger de moyenner à la baisse, investir avec un capital trop faible, utiliser un levier trop important, s’entêter dans une position… Ces erreurs sont fréquentes et éprouvées par une grande majorité des personnes qui débutent en bourse.
Quelle est l’erreur des erreurs en bourse ? Voir dans la perte une faute, et un échec
Mais parmi toutes les erreurs possibles, il y en a une qui apparait encore plus préjudiciable et qui constitue un obstacle majeur pour faire évoluer ses pratiques en matière d’investissement boursier. Il s’agit du rôle et des statuts que l’apprenti boursier donne à l’erreur elle – même. C’est probablement l’obstacle le plus difficile à modifier. En effet, selon la représentation qu’il se fait de l’erreur, il progressera plus ou moins vite.
D’une façon générale, l’erreur est « une réponse non conforme à ce qui est attendu et donné comme vrai ». En bourse, l’erreur se traduit par une perte d’argent.
Quand une personne investit pour les premières fois sur les marchés financiers, c’est prioritairement pour faire fructifier, plus ou moins rapidement, son capital et obtenir des ressources supplémentaires. Cet état d’esprit l’amène à se focaliser sur l’erreur, c’est-à-dire la perte et percevoir cette dernière de manière négative. Elle est alors synonyme de non réussite.
Il est rare spontanément de voir dans la perte une information intéressante et constructive de l’acquisition d’un savoir boursier plus performant. Majoritairement, l’erreur en bourse est associée à la honte, la culpabilité ou la colère.
Ces sentiments sont accrus par la puissance de l’imaginaire et des représentations véhiculés par la bourse. Le fantasme du trader qui concrétise chaque position par une réussite et une plus-value substantielle est fortement présent. Ces représentations biaisées de la réalité sur l’investissement boursier, et la charge émotionnelle liée à la perte d’argent, ont de fortes conséquences sur le statut accordé à l’erreur. Elle peut rapidement être assimilée par le boursier novice à une faute, avec une connotation d’échec.
La prise de conscience d’avoir fait une erreur tend alors à produire soit un sentiment inhibiteur de l’action, soit de déni. Dans ces cas, l’erreur est écartée. L’apprenti boursier rejette cette dernière, la met dans un coin pour ne plus y penser. Le sentiment désagréable qu’elle suscite l’amène à refuser de chercher à l’analyser.
Par ces attitudes, l’erreur devient rapidement une faute mal vécue. Lorsqu’elle se répète, elle constitue un obstacle aux apprentissages et aux changements. L’apprenti boursier ressent la perte comme un échec personnel. Il ne peut plus apprendre et perd confiance en lui. Il s’assimile à l’erreur et se voit comme un perdant.
Or l’erreur est un élément incontournable du processus pour réussir en bourse.
Conférer un statut positif à la perte : un moyen pour réussir
« Après une faute, ne pas se corriger, c’est la vraie faute. » Confucius
S’il est nécessaire de se visualiser en train de réussir, il est illusoire de croire que cette réussite pourra se faire sans perte.
Tout apprentissage est le fruit d’erreurs. L’enfant , dans ses premières tentatives pour marcher, tombe souvent. Mais désireux de se lever, il ignore ses peurs et ses premiers résultats. Et après plusieurs tentatives et plusieurs chutes, il parvient à se tenir debout et à marcher. Il en va de même lors de la découverte des marchés financiers. Pour gagner en bourse, il faudra perdre souvent auparavant. Mais c’est la première condition pour réussir.
La trajectoire de ceux qui ont réussi en bourse, comme dans d’autres domaines, montre qu’avant ils se sont souvent trompés. Avant de réaliser des gains annuels supérieurs à 10 millions de dollars, Martin Schwartz, célèbre day trader, a essuyé dix années de pertes ininterrompues.
C’est en s’appuyant sur les erreurs, commises qu’il est possible de transformer les obstacles en objectifs, d’ajuster ses représentations initiales et améliorer ses processus, tout en prenant conscience de son fonctionnement mental et de ses actions.
Les plus grands traders ont intégré la perte comme un élément incontournable et toujours présent.
« Le bon trader accepte de se tromper car il considère que son métier consiste avant tout à jouer des probabilités et pas des certitudes. Les pertes sont une composante du trading et le trader doit adapter son état d’esprit à cette donne. ». Thami Kabbaj dans “Psychologie des grands traders
Le fait d’accepter ce postulat contribue à modifier l’approche des marchés. En les appréhendant avec cette perception, l’apprenti boursier confère un statut positif à la perte et perçoit cette dernière comme une nécessité pour progresser. Il s’inscrit davantage dans une démarche d’apprentissage. La perte est conçue comme la conséquence de l’application d’une procédure et comme une étape intermédiaire.
Il faut donc percevoir la perte comme une information et un résultat provisoire. Le but est d’attribuer un statut positif à l’erreur afin de se libérer de la peur de la faute. Il s’agit de ne plus ressentir la perte comme avoir fait le mal et être mauvais. Face à une perte, il ne faut pas l’évacuer mais y faire face en tentant de répondre à la question suivante : que vais-je faire du résultat obtenu ?
L’acceptation, la prise de conscience et l’exploitation de l’erreur vont permettre à l’apprenti boursier d’agir rationnellement et de dédramatiser le résultat.
La perte devient le prétexte à un retour réfléchi sur l’action et à l’élaboration de nouveaux moyens à mettre en œuvre.
Pour qu’une erreur soit une réussite, il faut réunir trois conditions :
1. Accepter que la perte fasse partie du chemin pour progresser.
2. Ecarter tout déni de l’erreur et s’obliger à analyser les raisons qui l’ont provoquée
3. Distinguer la perte de sa propre personne. Ne pas s’identifier à l’erreur commise. Il ne faut pas intérioriser l’erreur comme une faute, il est important de comprendre que l’erreur concerne ce que l’apprenti boursier fait et non ce qu’il est.
La perte en bourse devient alors une ressource, un point d’appui.